Quand l'homme s'interroge sur son corps, la première évidence est que, étant un mystère pour lui-même, il ne peut qu'être la créature d'un être supérieur. Mais en remontant peu à peu la chaîne de la création, puis à la lumière des dernières connaissances sur le processus de l'évolution, l'homme tombe sur une autre évidence : le corps n'est pas tombé du ciel à la faveur d'un caprice divin, il s'est, en quelque sorte, fait tout seul. Il n'est pas la créature de Dieu, mais le fruit de l'expérience. Ce fruit de l'expérience, n'était-ce pas d'ailleurs celui auquel on dit que l'homme goûta il y a bien longtemps et par lequel il découvrit, et ne cesse depuis de redécouvrir, sa nudité ? L'homme se couvre de honte d'abord, de froid ensuite, il se pare de vêtements , il s'équipe d'outils, de machines, et finalement s'entoure d'un monde, entièrement perçu comme système, que l'on nomme aujourd'hui son environnement. Mais maintenant que l'homme se voit menacé par ses propres inventions, que, comme le géant Atlas, le monde entier pèse sur ses épaules sans qu'il se sente avoir les pieds sur terre, l'urgence est de questionner ce geste qui, partant du corps, y revient toujours et nous empêche de penser en dehors de l'expérience individuelle.
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