La violence
Puisque la violence est un vecteur de désagrégation sociale, et puisque la non-violence fait partie des vertus que l'éducation devrait inculquer, il est peut-être utile de rappeler les paroles de Platon, à l'aube du déclin de la civilisation grecque : "Lorsque les pèures s'habituent à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles, lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter, lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu'ils ne reconnaissent plus au-dessus d'eux l'autorité de rien ni de personne, alors, c'est là en toute beauté et en toute jeunesse le début de la tyrannie." Aussi, faisons en sorte que l'Histoire ne se répète pas, et posons les bases d'une nouvelle humanité, fondée sur l'harmonie, la fraternité et la paix.
La nature humaine
Un aphorisme rosicrucien énonce : "C'est de l'ignorance, et de l'ignorance seulement que l'homme doit se libérer." Cela revient à dire que le bonheur que nous recherchons se trouve dans la connaissance, celle de nous-mêmes, de la nature et de l'lunivers, ce qui rappelle naturellement l'adage "Connais toi toi-même". Or, tout individu aspire tôt ou tard, dans une vie ou dans une autre, à se connaître lui-même, à comprendre le sens profond de l'existence, et à se transcender. Ce n'est qu'une question de temps. C'est pourquoi il faut être confiant dans l'aptitude des êtres humains à évoluer positivement et à exprimer le meilleur d'eux-mêmes dans l'intérêt de tous.
L’écoute
Généralement, les personnes qui savent écouter sont également celles qui prennent régulièrement le temps de s’intérioriser et d’être à l’écoute de leur âme, de leur personnalité profonde. Elles ont intégré le fait qu’il faut s’efforcer de parler à bon escient et que le silence est parfois plus évocateur que les mots. Autrement dit, elles appliquent cette maxime : Si ce que tu t’apprêtes à dire n’est pas plus beau que le silence, abstiens-toi de parler. Cette attitude suppose d’écouter l’autre avec l’intention de le comprendre et, si l’on prend la parole, de réfléchir préalablement à ce que l’on va dire. L’écoute ne se limite pas à « écouter l’autre » ; elle consiste également à « être à son écoute », c’est-à-dire à lui prêter attention. Si faire preuve d’humilité est une vertu, être attentionné l’est tout autant : penser aux autres, se préoccuper de leur bien-être, les aider si besoin est, leur rendre service, sont autant de marques d’intérêt à leur égard et contribuent à rapprocher les individus. À l’inverse, l’indifférence les éloigne les uns des autres et désagrège le tissu social, avec tout ce qui en résulte en termes d’exclusion.
Le libre arbitre
Dans son application profane, le libre arbitre "n'est que" l'aptitude à faire des choix, si possible conformes à ce qui est fondamentalement bien dans le comportement humain. Mais dans son application mystique, il est le fondement de notre évolution spirituelle, telle qu'elle opère de vie en vie. En effet, c'est la manière dont nous l'appliquons de jour en jour, de semaine en semaine, de mois en mois et d'année en année qui conditionne les expériences heureuses et malheureuses qui forgent notre destin. C'est pourquoi il est si important d'en faire le meilleur usage possible, non seulement dans notre intérêt personnel, mais également dans celui des autres, notamment de ceux avec lesquels nous partageons notre existence.
L’égalité
Je pense que l’égalité est impossible entre tous les êtres humains, car il y a trop d’éléments qui les rendent différents, dont certains échappent à la raison, à la volonté et au libre arbitre. Néanmoins, tout doit être fait pour qu’ils soient égaux en droits et disposent des mêmes prérogatives au regard des lois en vigueur. Par ailleurs, il faut faire en sorte qu’ils puissent tirer le meilleur parti de leur intelligence, de leurs aptitudes et de leurs dons. Si tous les citoyens du monde bénéficiaient de cette égalité de droits et de chances, le sen¬timent d’injustice que nombre d’entre eux ressentent existerait infiniment moins. Plutôt que de voir entre eux des inégalités pénalisantes, ils verraient des différences valorisantes pour les uns et les autres. Certaines idéologies prônent l’égalitarisme et confondent « égalité des droits et des chances » avec « égalité des résultats, des connaissances, des savoir-faire, des responsabilités ». Or, s’il était possible de faire en sorte que tous les êtres humains naissent au même moment, au même endroit et dans le même contexte socioculturel, aucun d’entre eux n’évoluerait de la même manière, ne connaîtrait les mêmes joies et les mêmes peines, n’obtiendrait les mêmes résultats sur le plan professionnel, n’aurait la même vie familiale, car tous ont une âme différente, une personnalité différente, un caractère différent, un tempérament différent, un potentiel intellectuel différent, un héritage karmique différent. En cela, l’égalitarisme est à l’égalité ce que le libertarisme est à la liberté, à savoir une vue de l’esprit extrême, et donc vouée à l’échec.
L’intelligence artificielle
L’intelligence artificielle sera-t-elle capable un jour de « penser », de « parler » et d’« agir » de manière indépendante, c’est-à-dire sans aucun contrôle de l’homme ? Si oui, et en l’absence de toute conscience de ce qui est fondamentalement bien ou mal dans le comportement humain, comment ne pas craindre le pire, comme l’ont montré certains films d’anticipation ? Il faut espérer que les hommes sauront faire preuve de sagesse dans un domaine aussi sensible et qu’ils veilleront à ne pas créer de « golem » susceptible de se retourner contre eux et de les dominer, voire de les anéantir. En cela, je me range à la mise en garde de Stephen Hawking : « La création de l’intelligence artificielle est le plus grand événement de l’histoire de l’humanité ; ce pourrait aussi être le dernier. »
La tolérance
S’il est pour moi évident que la tolérance est une qualité qui favorise les relations humaines et contribue à la fraternité, elle me semble indis¬sociable d’une autre notion : le respect. J’irai même jusqu’à dire que respecter les autres est une attitude peut-être plus positive encore que celle qui consiste à tolérer leurs idées, leurs convictions, leurs idéaux, leur manière de vivre, en ce sens que la tolérance peut être perçue parfois comme une forme de condescendance, alors que le respect, lorsqu’il est sincère, est sans arrière-pensée et exempt de tout jugement de valeur.
L’utopie
Étant donné qu’une utopie se rapporte généralement à une société idéale dont la réalisation est impossible a priori, on peut se demander en quoi elle est utile. En fait, tout dépend de son contenu : si les principes sur lesquels elle repose sont véritablement humanistes et visent réellement le bonheur de tous, elle est alors un vecteur d’espérance et cultive l’idée qu’il est possible de créer un monde meilleur, ce à quoi tous les hommes aspirent plus ou moins consciemment. Si, en plus, elle incite tout individu à se parfaire sur le plan individuel, elle contribue parallèlement à l’élévation des consciences, ce qui devrait être le but de tout projet de société. En dernière analyse, la valeur d’une utopie réside autant dans la noblesse des idéaux qu’elle porte en elle que dans le fait de savoir s’il est possible ou non de la réaliser, ce qui fit dire à Platon : « L’utopie est la société idéale. Peut-être est-il impossible de la réaliser sur Terre, mais c’est en elle qu’un sage doit placer tous ses espoirs. »
L'auteur
Enseignant de formation, conférencier et auteur de plusieurs livres, Serge Toussaint est le Grand Maître de l'Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix
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